Qui est le père de l’enfant d’Imelda ?
Dans ce récit intense et iconoclaste, John Herdman remonte le temps dans une double narration où deux discours contradictoires se superposent et s’entrecroisent, à l’image de la folie qui tisse sa toile et emprisonne Imelda dans ses longs fils vénéneux. La grandiloquence des narrateurs est à l’image de leurs vices, dévoilant une société passéiste et mortifère, fondamentalement hypocrite.
Le style de Herdman entretient cette dualité dans une langue très travaillée où la noblesse de l’expression s’érige en système pour mieux masquer la réalité. On songe à l’écriture dense et ironique de Nabokov dans La Méprise, à son jeu sur les conventions littéraires.
Qui détient la vérité ? Le lecteur ou un des personnages ?
John Herdman, développant les thèmes qui lui sont chers, illustre avec ingéniosité et ironie la puissance de l’illusion, conviant le lecteur à un vertigineux jeu de piste tout en questionnant les ambiguïtés du langage et le rapport de la fiction à la vérité
A l’image du champignon de sa couverture, d’une beauté vénéneuse. Le poison est dans sa forme tant la chute de la très respectable famille Agnew est contée d’une langue à la sophistication étrange, celle d’un fou aussi mégalomane que sacrifié. Il est aussi dans sa construction démoniaque et tortueuse aux multiples retournements, où la vérité semble revêtir la viscosité des plus noirs secrets de famille.