Je me souviens que c’était une belle journée de soleil, le fourmillement populaire emplissait les rues, tonitruantes de véhicules. Une journée plutôt chaude et parfaitement claire.

Depuis ma terrasse, je surplombais une vaste confusion de toits, de vergers clairsemés, un pan de baie piqué de mâts, la ligne droite et grise d’une avenue… Vers onze heures, les premières étincelles se mirent à tomber. L’une ici, l’autre là, des particules de cuivre semblables aux bluettes d’une mèche ; des particules de cuivre incandescentes qui tombaient au sol avec un petit bruit de sable. Le ciel conservait sa limpidité ; le tumulte de la ville ne décroissait pas. Seuls les oiseaux de ma volière avaient cessé de chanter.

Je l’avais remarquée par hasard tandis que je regardais vers l’horizon par distraction. Je crus d’abord à une illusion d’optique due à ma myopie. Il me fallut attendre un bon moment avant de voir tomber une autre étincelle car elles étaient noyées dans la lumière du soleil ; mais le cuivre brûlait de telle sorte qu’elles s’en détachaient quoi qu’il en fût. Une très rapide virgule de feu, et le petit impact au sol. Comme cela, à longs intervalles.

Je dois admettre que j’éprouvai comme une vague terreur. Je parcourus le ciel d’un d’œil angoissé. Toujours limpide. D’où venait cette étrange grêle ? Ce cuivre ? Était-ce vraiment du cuivre… ?

Une étincelle venait de tomber sur ma terrasse, à quelques pas. Je tendis la main ; c’était à n’en pas douter un granule de cuivre, qui tarda longuement à refroidir. Par chance, le vent se levait et inclinait cette averse singulière à l’opposé de ma terrasse. Les étincelles étaient plutôt rares en vérité. On pouvait croire par moments que cela avait cessé. Il n’en était rien. Rares, certes, mais ces terribles granules continuaient à tomber.