Une famille. Plusieurs générations de larmes et de calculs. Des femmes pleurent et s’en remettent aux médicaments. Des hommes comptent, aimantés par les chiffres.
Depuis longtemps, une enfant se souvient qu’elle a regardé.
« L’enfance sait toujours, et elle ne comprend rien. Il y a toujours quelqu’un pour lui bander les yeux, prétexter un jeu débile, grimer une réponse, et la déboussoler en la faisant tourner sur elle-même jusqu’à ce qu’elle ne se souvienne plus sur quel pied elle dansait. Les adultes passent leur temps à faire oublier à l’enfance ce qu’elle désirait savoir. Ils n’aiment pas les questions qui lui brûlent les lèvres. Pourquoi est-ce que grandir consiste si souvent à apprendre à feindre et ignorer ? »
« En Lorraine, une part de quiche. En Alsace, une tarte flambée », à mi-chemin entre les deux, un lotissement, une famille et un suicide. Celui d’Élizabeth Vitz, une Alsacienne mariée à Éric Richard, un lorrain. Mère de trois filles qui resteront sans nom : l’étudiante, la lycéenne et l’écolière. À la fois grave et légère, Justine Arnal exhibe dans Rêve d’une pomme acide la laideur de la vie ordinaire qui met au monde des orphelins.
Un récit vertigineux, intime et polyphonique, où les voix de femmes blessées s’entrelacent dans la langue rugueuse de la mémoire familiale. Héritière d’une lignée de femmes alourdies par les silences, les larmes et les non-dits, l’autrice tisse une fresque troublante, portée par une écriture incantatoire et des images puissantes. Ce livre n’est pas un récit du deuil : c’est une plongée dans les eaux troubles de ce qui précède le désastre, et de ce qui lui survit.