Une famille. Plusieurs générations de larmes et de calculs. Des femmes pleurent et s’en remettent aux médicaments. Des hommes comptent, aimantés par les chiffres.
Depuis longtemps, une enfant se souvient qu’elle a regardé.
« L’enfance sait toujours, et elle ne comprend rien. Il y a toujours quelqu’un pour lui bander les yeux, prétexter un jeu débile, grimer une réponse, et la déboussoler en la faisant tourner sur elle-même jusqu’à ce qu’elle ne se souvienne plus sur quel pied elle dansait. Les adultes passent leur temps à faire oublier à l’enfance ce qu’elle désirait savoir. Ils n’aiment pas les questions qui lui brûlent les lèvres. Pourquoi est-ce que grandir consiste si souvent à apprendre à feindre et ignorer ? »
Un roman saisissant de justesse et de maîtrise. Justine Arnal fait la radiographie d’une famille – plus particulièrement d’une femme – enferrée dans la « norme ». Avec une acuité féroce, elle ausculte la vie domestique sous toutes ses coutures, pour en révéler la mécanique implacable.
Un anti-roman de plage, étincelant, où se perçoit la force du langage et des corps, une lumière crue sur une réalité trop banale, trop insidieusement violente pour être dite : l’enfermement de la femme, le pouvoir destructeur du conformisme. Des nœuds que, peut-être, nos langues seules peuvent défaire.