Augustin Loeyna écrit pour ceux qui n’ont pas le temps d’écrire ou se rend dans des lieux où d’autres n’ont pas le temps de se rendre. Aux prises avec un monde qui court à toute vitesse vers un futur indistinct, sa vie est bouleversée lorsque quelque chose le met sur la piste du sort aussi funeste qu’incroyable d’une jeune bergère du XVIIe siècle. C’est le début d’un enchaînement de circonstances qui bientôt le dépassent et le conduisent à affronter un ancien braqueur et surtout un passé familial inquiétant.
Grâce à son talent de conteur, Jérôme Lafargue nous entraîne sans peine dans les aventures extraordinaires de son héros. Une intrigue bien menée dont les multiples rebondissements s’emboîtent parfaitement, comme la notation habile de nombreux petits détails ordinaires dont les effets de réel s’avèrent propices au glissement dans l’imaginaire et la fantaisie nous font en effet accepter tout naturellement la cohabitation avec un fantôme et les événements les plus étranges.
Dans ce roman on est constamment à la lisière, comme si un voile très fin et presque transparent séparait le réel de la fiction et ne permettait pas de les distinguer tout à fait. Cette porosité invite à se laisser aller, à croire qu’on ne maîtrise pas tout, que d’autres forces sont peut-être à l’œuvre et parvient à jeter ainsi quelques paillettes sur un contexte qui laisse percevoir les «complications» du monde que nous connaissons, entre épidémies et conflits plus ou moins lointains.