La Tenda rouge de Bologne

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John Berger

La Tenda rouge de Bologne

Le moment est à la fois poétique, politique, onirique. Et inoubliable.

Christophe Kantcheff Politis, 8 octobre 2009

Du rouge aux fenêtres de la Piazza Maggiore, et partout, au détour des rues, le souvenir d’un oncle dont la grande passion fut d’écrire des lettres, en recevoir, et lire, et voyager. En une centaine de séquences ciselées, fragmentaires, délicatement rehaussées par les dessins de Paul Davis, ce délicieux récit-promenade déroule le fil d’une subtile méditation sur la mémoire et le temps. Une flânerie lyrique à travers les mondes d’une cité sans âge comme cet oncle Edgar tant aimé que Bologne la rouge fascinait, et que John Berger fait revivre en un « cri murmuré »

John Berger, écrivain de l’année (mais il l’est chaque année depuis toujours)

On peut n’avoir jamais lu John Berger et se sentir des envies de le découvrir. Dans ce cas, La Tenda rouge de Bologne est peut-être le texte idéal, tout en délicatesse, en simplicité.

Le Préfet maritime l'Alamblog, 28 octobre 2009
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John Berger John Berger

John Berger

Écrivain engagé, romancier, poète, essayiste, scénariste, peintre et critique d’art, John Berger, quand il n’est pas en voyage, partage son temps entre la région pari...

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Un récit-promenade, une flânerie dans le présent, une méditation sur le passé, la mémoire, le temps.

On est touché dans ce livre, par l’ombre et la lumière, par la poussière du temps et le rouge de la ville de Bologne où nous emmène John Berger avec une sorte de douceur — sans le dire. On le suit, on lève la tête vers ces stores rouges qui donnent leur titre au livre et on « rêve à ce qu’il y a de l’autre côté ». Par touches successives, John Berger fait le portrait d’un oncle d’« une intelligence royale et délabrée » qui avait le goût de l’épistolaire — autrement dit des choses dites (et non dites) à une seule personne. Au fil des pages, l’auteur nous conduit vers cet endroit où le livre et la ville se confondent — sous le dôme de Paviglione. Où entre deux pilastres deux personnes peuvent s’entendre très distinctement — et elles seules — malgré la foule qui les entoure. Le lecteur peut percevoir alors lui-même ce phénomène acoustique qu’on pourrait appeler comme le dit l’auteur « cri murmuré ».

Pascale Petit Cahier critique de poésie, octobre 2010

La tenda est le nom du store qui protège de la lumière chaque fenêtre des appartements de Bologne. Toutes les tende sont rouges. Comme la brique des bâtiments historiques de la ville. Comme l’ont été, pendant un demi-siècle, ses édiles - communistes.
La Tenda rouge de Bologne, court texte de John Berger composé de fragments agrémentés de dessins de Paul Davis, est d’abord un hommage que le narrateur rend à l’un de ses oncles, venu habiter chez ses parents quand il était petit garçon. Il l’a beaucoup aimé, d’autant que, ne lui donnant pas d’âge, il pouvait l’aimer comme un « égal ». Après avoir ravivé le souvenir de cet homme singulier et toujours surprenant, grand lecteur, épistolier passionné et voyageur, décédé en 1972, le narrateur décrit une de ses flâneries dans Bologne, qui l’a amené à acheter une tenda. Il n’a jamais visité la ville avec son oncle, mais son rouge les a tous deux fascinés. « Bologne, ville improbable - comme s’il était possible de la traverser après sa mort », dit-il. Il semble que ce soit possible, en effet, du moins en songe. C’est ce que raconte la Tenda rouge de Bologne : la dernière rencontre, rêvée et postmortem, du narrateur et de son oncle, ou de son fantôme, sous l’une des nombreuses arcades de la ville, selon une mise en scène magnifique. Son oncle lui parle alors de ce qui relie les martyrs, partisans antifascistes dont les portraits sont exposés dans les rues, à l’art de vivre. Le moment est à la fois poétique, politique, onirique. Et inoubliable.

Christophe Kantcheff Politis, 8 octobre 2009

Nous le suivons, les yeux fermés, […] les yeux fermés nous voyons des tableaux magnifiques, infigurables, mais qui nous font presque pleurer.

Maryline Desbiolles

John Berger a cette faculté de donner sens et chair à une idée, de la faire apparaître dans une totale clarté .

Le Matricule des Anges

Alliant l’érudition à l’observation quotidienne, il illumine tous les thèmes auxquels il touche.

Mona Cholet Peripherie.net

Marqué par son oncle, un personnage singulier, l’auteur vous emmène sur ses traces à Bologne, la fameuse ville rouge… De belles illustrations et un très beau Berger.

Librairie Passages, Lyon

John Berger parle de ce qui est important et non de ce qui est intéressant. Il est sans pareil dans le monde littéraire depuis D.H. Lawrence, aucun écrivain n’a su allier une telle attention au monde sensuel et une telle écoute aux impératifs de la conscience. C’est un artiste et un penseur extraordinaire.

Susan Sontag

La Ultima volta
Après de A à X, son dernier roman paru aux éditions de l’Olivier, John Berger nous offre la Tenda rouge de Bologne et nous entraîne dans les couleurs de cette ville italienne, sur les traces d’un de ses chers disparus.
Dans D’ici là (Prix Rhône-alpes du livre 2007), John Berger (83 ans), sous le « cyprès lusitanien » d’une place de Lisbonne, bavardait avec sa mère décédée depuis quinze ans. A Cracovie, c’était avec l’homme qui lui a tout appris quand il était adolescent et qui lui a fait croire qu’ensemble ils pourraient « trouver la musique particulière de chaque ville. »
Dans ce dernier livre, un autre de ses chers disparus l’entraîne à Bologne. C’est le plus âgé des frères de son père, une personne modeste, flegmatique et curieuse de tout.
A Bologne, il est saisi par l’intensité du rouge des stores (une tenda, des tende) et par ses variantes selon que le soleil les a plus ou moins décolorés. Il se procure un métrage de ce tissu, pour s’étendre sur l’une des marches de la Piazza Maggiore ou pour s’agenouiller sur le rail en fer forgé qui entoure des sculptures de terre cuite dans l’église Santa maria della Vita, ce faisant, pour contenir la douleur de la perte et entretenir la détermination du souvenir. Le rouge, c’est aussi la couleur politique de Bologne, une ville qui honore la mémoire de ses partisans antifascistes. C’est également la couleur de la Passion et du martyre, des martyrs, tous « gens ordinaires ».
Une fois encore, John Berger se dépeint en creux à partir du portrait de cet oncle. Leur conversation surréaliste et secrète, que favorise un phénomène acoustique connu presque d’eux seul dans un ancien marché couvert devenu centre commercial, résonne longuement dans notre propre tête, parce qu’elle articule d’une façon singulière vie intime et vie sociale, menus plaisirs du quotidien et de l’érudition.

Catherine Goffaux-Hoepffner Livres & Lire, mensuel du livre en Rhône-Alpes, décembre 2009